"Chez les Balaguère, depuis toujours, on se méfie de ce qui vient d'en haut : la grêle, les ordres, les curés et leurs Saints. On préfère ce qui vient d'en bas. Ce qui est solide et ce qui pousse. C'est pourquoi on donne aux garçons des noms de lieux-dits ou de plantes."

 

Bienvenue chez les Balaguère.

Et bienvenue aux Chaumes, cette ferme isolée du Morvan où commence notre histoire, un jour d'août 1914.

Vous y ferez d'abord la connaissance de deux frères : Marty et Anzême. Rongé de jalousie, le cadet donnerait tout pour être à sa place de son frère, jusqu'au moment où l'aîné est emporté par le tourbillon de la mobilisation générale et part soldat sur le front, là-bas, dans l'Est du pays.

C'est le premier orage de notre histoire. Mais au fil des générations, d'un père à un fils et de secret en secret, bien d'autres vont éclater.

Vous découvrirez ainsi l'histoire de Charme, entre les deux guerres mondiales et l'Occupation, vous suivrez celle d'Aloès qui devra aller se battre en Algérie, jusqu'à celle d'Olivier, le narrateur du roman. Vous vivrez à ses côtés tous les drames que l'on cache dans les familles, et vous remonterez les années 70, puis 80 et 90, jusqu'au drame qui le touchera de plein fouet, et l'amènera jusqu'à aujourd'hui. Jusqu'à nous.


"En l'espace d'un instant, Anzême avait cessé d'être un paysan. Il était devenu un numéro, un soldat, et tout s'en trouvait changé."

 

C'est l'histoire de ces vies qui basculent dans l'inconnu à cause des guerres. Celle de 1914, celle de 1939, et celle qui n'en portait pas le nom en 1959 lorsque mon propre père a été appelé sous les drapeaux et s'est retrouvé en Algérie.

C'est l'histoire de ceux à qui on a donné l'ordre de se sacrifier pour la Patrie. Ceux qui ont vu cette même patrie sombrer dans la Collaboration avec le régime nazi. Ceux qui ont pensé à déserter et qui n'ont pas pu. C'est l'histoire de cent ans de silence qui continue de ronger la conscience des hommes d'aujourd'hui. 

C'est l'histoire d'Olivier Balaguère, né comme moi à un moment où la jeunesse du monde protestait contre la violence inouïe des armes modernes, atomiques, chimiques, massives.

C'est l'histoire d'un homme qui, comme tant et tant, préfère chanter qu'apprendre à manier un fusil. 


 

C'est un roman de 500 pages, découpé en cinq parties.

Je l'ai écrit lentement, mais avec le projet de donner aux lectrices aux lecteurs une impression du temps qui passe à toute vitesse. 

Il comporte de très nombreuses ellipses.

Parfois six mois passent, parfois quatorze années d'un coup.

Les personnages naissent, grandissent, vieillissent puis meurent pour laisser la place aux suivants.

 

Huit planches illustrées de Coline Peyrony viennent accentuer la sensation du passage du temps, et offrir des respirations dans ce texte que j'ai voulu très visuel. 

C'est un roman qui pose la question de la violence, celle que les hommes exercent et subissent, de père en fils, comme une malédiction.

C'est un roman que je dédie à mon père, parce que je ne l'ai jamais vu pleurer.